Exposition au 3333
2022-2023

Magali Reus, Hwael (Fully Automatic Time), 2017. Aluminium et acier peint par poudrage, fibre de verre et résine de polyester, pigments, sangle de coton avec broderies sur-mesure, aluminium gravé, feutrine découpé au laser, boulons et écrous, Jesmonite, aluminium peint à l’aérographe. Avec l’aimable permission de l’artiste. Photo : alignements.

 

La première exposition présentée dans l’espace du 3333 Crémazie Est à Montréal s’ancre dans la force, la radicalité et les affinités artistiques qui lient plusieurs figures majeures de l’art actuel, soit Eduardo Basualdo, Edward Burtynsky, Folkert de Jong, Adad Hannah, Sophie Jodoin, Marlon Kroll, Rafael Lozano-Hemmer, Magali Reus, Kelly Richardson, Marc Séguin, Bill Viola et Hajra Waheed. Cette exposition souligne les principes de temporalité, de mémoire, et de construction de l’image dans les pratiques respectives des artistes sélectionnés. 

Dramatique et onirique, l’œuvre Reflujo (2014) de Eduardo Basualdo est composée d’une centaine d’horloges disposées au sol de manière très dense. Toutes identiques et issues de la production de masse, ces horloges fixent le temps au moment où leurs aiguilles arrêtent leur course. Elles deviennent alors le symbole du temps qui passe auquel on ne peut se raccrocher. Du plafond, un énorme nœud fait de corde noire est suspendu. L’extrémité de la corde pend jusqu’à frôler le sol. Cette œuvre, dont la masse n’est tenue que par une fine corde, fait référence à un équilibre fragile et pouvant être aisément brisé.  

Jusqu’à l’âge de 22 ans, Hajra Waheed grandit sur une base de travailleurs sécurisée pour la plus importante compagnie pétrolière au monde, à Dhahran en Arabie Saoudite. La série PETRO SUBURBS (2018) évoque son enfance marquée par la surveillance et l’isolement dans ce quartier californien factice. Son travail du collage renvoie aux découpes ségrégationnistes du territoire opérées sous les lois Jim Crow aux États-Unis, puis ailleurs lorsque ces idéaux s’exporteront. Les différentes strates d’images imbriquées par Waheed évoquent la manière dont le présent s’érige sur un passé plus ou moins distant.  

Pour l’œuvre Two Views, Adad Hannah a conçu deux petits ensembles de caisses qui se déploient pour révéler à la fois la création et la présentation d'une image inscrite dans sa mémoire, mais jamais photographiée. Les deux caisses contiennent chacune tout les objets et le matériel nécessaires à l'installation de la scène représenté sur les écrans. Les vidéos ont été tournées à l'intérieur des mêmes caisses sur lesquelles elles sont ensuite exposées, l'écran plasma substituant l’écran photographique. Adad Hannah réalise une œuvre autonome qui intègre à la fois l'œuvre et la production de l'œuvre. L’artiste interroge ici les manières dont la vidéo et la photographie font le pont entre l'indice et la fiction.  

Vues d’exposition

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